CÉLINE LEGROS
CLAAAC
QUELLES SONT LES RAISONS QUI T'ONT POUSSÉ À DÉMARRER TON ENTREPRISE ?
Je suis architecte d’intérieur. J’ai passé les 4 premières années de ma carrière en salarié, aussi bien en CDD qu’en CDI. J’ai compris très vite que ce format ne me convenait pas. Je voulais pouvoir gérer des projets comme je l’entendais, accepter des clients et projets très divers, être indépendante dans ma façon de travailler et casser la routine métro‐boulot‐dodo qui me paraissait complètement incompatible avec un métier créatif ! J’avais besoin d’air. Je commençais à ne plus aimer mon métier, alors qu’en fait c’était la manière de le faire qui ne me convenait pas. En 2013, je me suis donc lancée en profession libérale. J’ai alors fait beaucoup de sous‐traitance pour d’autres agences d’architecture intérieure. Les projets me plaisaient énormément, j’avais de belles responsabilités, mais un emploi du temps tellement chargé que je ne réussissais pas à développer ma clientèle propre. Puis en février 2018, suite à la fermeture de l’agence pour qui je sous‐traitais le plus, ça a été le déclic. Avec Aude Croiset, nous avons monté CLAAAC, notre propre collectif d’architectes d’intérieur.
PARLE-NOUS DE TON ENTREPRISE :
Ce que nous faisons chez CLAAAC est très varié. Nous avons deux principaux pôles d’activités très différents l’un de l’autre ! D’un côté, nous travaillons pour des marques, nous développons leurs concepts architecturaux, dessinons leurs boutiques en France et à l’international. De l’autre, nous travaillons avec des particuliers sur des rénovations d’appartements, maisons, etc. Nous avons récemment ajouté une autre corde à notre arc en travaillant avec de grands groupes du tertiaire pour la création de leurs espaces de travail. Nous sommes basées à Paris et Barcelone, ce qui nous permet de varier un peu plus encore notre clientèle. Nous sommes présents en ligne via notre site, sur Instagram , Facebook et Linkedin
QUELLES ONT ÉTÉ LES PREMIÈRES ÉTAPES POUR FAIRE DÉCOLLER TON ACTIVITÉ ?
Je pense que le plus important pour nous a été de clairement établir notre positionnement. Ce qui ne voulait pas dire se limiter à une chose, loin de là. La preuve, nos secteurs d’activité sont très variés. Il a fallu définir qui nous étions en tant que professionnels, avec qui nous voulions travailler, dans quelles conditions, depuis quel lieu, sous quelle structure, etc. Etrangement, quand cela est devenu clair pour nous, des choses ont commencé à se produire !
QUEL A ÉTÉ LE MOYEN LE PLUS EFFICACE POUR ATTIRER DES CLIENTS AU DÉBUT DE TON ACTIVITÉ ET QUELLES SONT TES ASTUCES POUR CONSTAMMENT EN ACQUÉRIR DE NOUVEAUX ?
Pour ce qui est du B2B, notre réseau est notre principale source pour démarcher. Nous travaillons depuis 10 ans et avons tissé de nombreux liens avec des professionnels. Et pour ce qui est des projets de rénovation pour les particuliers, les réseaux sociaux sont devenus primordiaux. Il y a également de plus en plus de sites spécialisés en architecture qui mettent en relation clients et professionnels. Et bien entendu, le bouche à oreilles. Rien de tel qu’un client satisfait qui parle de vous avec des étoiles dans les yeux !
QUELS ONT ÉTÉ TES PLUS GROS CHALLENGES À CE JOUR ?
Faire connaitre notre nom est le plus gros défi. Quand vous avez été salarié ou sous‐traitant pendant des années, vous avez acquis une très grande expérience...sous le nom de quelqu’un d’autre. C’est très pénalisant pour un créatif. Après 10 ans de métier, nous avons eu le sentiment de devoir à nouveau prouver ce que nous savions faire. Nos clients ne s’imaginaient pas pouvoir travailler avec nous sans les structures qui nous encadraient avant. Il faut désormais convaincre que nous sommes capables d’apporter seules les mêmes services et la même qualité qu’avant.
COMMENT AS-TU SURMONTÉ CES DÉFIS ?
Avec beaucoup de patience ! Par exemple, sur notre site web, nous avons pris le parti de ne pas diffuser de projets qui ne soient pas 100% les nôtres. Pas facile, après 10 ans d’expérience ! Mais nous pensons que nos clients apprécient cette honnêteté. Et là encore, notre réseau et le bouche à oreille restent les meilleurs moyens d’être reconnues.
N'hésitez pas à discuter de votre projet et de vos questionnements avec d’autres.
QU'EST-CE QUI TE PLAÎT DANS LE FAIT D'ÊTRE TON PROPRE PATRON ?
Tant de choses ! Pouvoir choisir les clients avec qui j’ai envie de travailler. Être libre de la partie créative de mon métier. Gérer mon emploi du temps à ma guise (même si je reste quelqu’un de très organisée). Et surtout, la diversité des tâches à effectuer au quotidien. En tant que salarié, 95% de mes journées étaient passées devant mon ordinateur à effectuer les mêmes tâches, pour les mêmes types de projets. Pour un créatif, c’est très frustrant. Aujourd’hui, tout est beaucoup plus varié : créa, visite de chantier, rencontre avec des clients potentiels, visite des showrooms de nos fournisseurs, mais aussi comptabilité, gestion administrative, démarchage, etc. Je ne m’ennuie ni ne me lasse jamais, c’est mon vrai luxe.
QUELS CONSEILS DONNERAIS-TU À D'AUTRES FEMMES ENTREPRENEURS ?
Prendre le temps de poser sur le papier tout ce qui fait votre entreprise (que vendez‐vous, pour qui, comment, votre façon de travailler, vos objectifs personnels – financiers, etc.) et faire régulièrement des bilans. Sorte de mini business plan. Et ne pas hésiter à discuter de votre projet et de vos questionnements avec d’autres. Ma force, c’est mon associée Aude ! Pouvoir discuter de tout, exprimer des doutes, trouver des solutions par le dialogue, c’est primordial.
COMMENT GARDES-TU TA MOTIVATION PENDANT LES MOMENTS DIFFICILES ?
Là encore, avoir une associée est une chance, car il est bien plus facile d’être deux en cas de coups durs. Nous profitons des moments un peu down pour nous remettre en question, élaborer de nouvelles stratégies commerciales, mettre en place de nouveaux systèmes de gestion, etc. Cela nous permet de rester actives et positives dans ces moments un peu creux.
QUELLES SONT LES CLÉS DE LA RÉUSSITE SELON TOI ?
Aimer son métier. Le faire pour les bonnes raisons, avec cœur et éthique. S’entourer des bons professionnels. Ne pas avoir peur de demander des conseils. Avoir le soutien des personnes qui comptent pour vous.
Quand un gros imprévu arrive…
remonte mes manches ! Je suis toujours persuadée que 1) les choses arrivent pour une raison et 2) que la vie ne nous impose pas plus que ce que nous pouvons endurer. Alors avec ça en tête...tout ira bien.
Ma plus grosse peur en tant que businesswoman est…
l’emploi du temps vide !
La chose la plus courageuse que j’ai faite est…
quitter le confort d’un CDI pour me lancer dans l’entrepreneuriat.
À 50 ans, si je pouvais revenir à l’époque de mes 20 ans, je me dirais…
que je ne veux pas y revenir ! La vraie réussite : ne pas souhaiter revenir en arrière.
La plus grosse leçon que j’ai apprise grâce à l’entrepreneuriat est…
que rien n’est jamais acquis !
Mon dicton préféré est…
Advienne que pourra !